Pour l'entrée d'Ypres à l'Unesco
Depuis 1987, le ministère de la communauté flamande étudie la possibilité de faire entrer à la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité, sous l'égide de l'Unesco, l'ensemble des champs de bataille et lieux de mémoire des différentes batailles d'Ypres. Sont inclus dans ces études les champs de batailles de l'Yser, des quatre batailles d'Ypres - dont Passchendaele - et certains éléments des secteurs de Messines ou de Wyschaete.
Vous trouverez ci-dessous l'intégralité du texte de soumission du Westhoek, lieu de mémoire et monuments de la Grande Guerre tel qu'il a été présenté en 2002 devant le commité de l'Unesco. Le site de la Bataille de la Lys soutient cette initiative du ministère de la communauté flamande.
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Extrait
La région proposée correspond en Belgique à la plus touchée par la Grande Guerre. Après sa déclaration de guerre à la France le 3 août 1914, l'Allemagne envahit la Belgique neutre. Les batailles d'Ypre et de l'Yser (18-27 octobre 1914) suivie de l'inondation des terres entre Nieuport et Dixmude, qui empêchent l'armée allemande, déjà chassée d'Ypre le 14 janvier 1914, de progresser plus à l'Ouest. Il s'ensuivit une ligne de démarcation Nord - Sud, avec des tranchées de part et d'autre du no man's land ; au départ de Nieupart elle suit à peu près l'Yser et l'Ieperlee jusqu'au Nord d'Ypres qu'elle contourne en une large boucle - ou Ypres Salient - côté Est, pour se prolonger ensuite vers le Sud jusqu'à la Lys où entre autres Wervicq devint un quartier général allemand, et se termine en France à Vimy.. La guerre de tranchée opposant les troupes allemandes à l'Est aux soldats belges, français et l'armée de l'empire britannique à l'Ouest se maintint, sans résultat décisif jusqu'en 1918, lors de l'arrêt définitif de l'offensive allemande. Les batailles les plus sanglantes ont eu lieu à Wijtschate et Messines et une troisième fois à Ypres (juin 1917), à Passendale (juillet-novembre 1917) et finalement à Kemmel (avril 1918). La stratégie allemande, dont le but était d'atteindre Calais et la côte française en traversant le reste du Westhoek, de manière à diviser l'opposition alliée, échoua mais provoqua, par ses bombardements répétés, des dommages considérables et la destruction quasi totale de villes comme Ypres et de villages à l'Ouest du front. La Grande Guerre entraîna la mort de milliers de citoyens et soldats des pays d'Europe et d'Outre-Mer.
Dès 1917, la War Graves Commission , encore toujours établie à Ypres, s'occupa de l'aménagement des cimetières militaires britanniques. Les architectes Edwin Luytens, Reginald Blomfield, Herbert Baker et Charles Holden (après 1920) furent chargés d'élaborer les principes de base et projets ad hoc. Les trois principes retenus, sous la direction du directeur du British Museum F. Kenyon assisté par l'écrivain R. Kipling, se définissent comme suit : les "monuments" seront durables, les pierres tombales uniformes - sans distinction de grade, et les "mémoriaux" tels que la "Cross of Sacrifice" de R. Blomfield , seront complétsé dans les cimetières de plus de 400 victimes, par la "Stone of Remembrance", conçue par E. Luytens. Ces cimetières de superficie fort variable marquent de toute façon le paysage local, lui aussi souvent malmené par la guerre; selon le cas, ils s'intègrent à la topographie locale, entre autres grâce à les interprétations de parcs paysagers de E. Luyten, ou s'en détachent de manière surprenante dans des réalisations basées sur l'inspiration plus austère er rigoureuse du néo-classicisme stylisé de R. Blomfield.
Fin 2001, la procédure de protection légale, en raison de leurs valeurs artistique et historique, a été entamée pour deux de la multitude de cimetières britanniques, le Bedford House Cemetery de Ypres/ Zillebeke et l'immense Tyne Cot New British Cemetery de Zonnebeke/ Passendale, le plus grand sur le Continent, qui aligne de manière impressionnante, quasi 12000 stèles de pierre derrière de petits parterres fleuris à l'anglaise et le mur du "Missing Memorail" portant le nom de quelque 35000 disparus.
Les cimetières militaires allemands de Langemark, Diksmuide-Vladslo, Hooglede et Menen/Menin ont un caractère propre et profondément différent. Depuis 1952, suite à l'accord intervenu entre les autorités belges et allemandes, leur nombre a été réduit à 4, ce qui a supposé de nouvelles concentration et aménagements dus à l'architecte allemand R. Tischler. Langemark rassemble ainsi près de 44000 morts pour la patrie, dont quelque 3000 volontaires, en majorité étudiants et les restes de 25000 inconnus, transférés en 1952. L'ensemble impressionnant, commandité en 1930-1932 par une association analogue à la britannique ou "Deutsche Kriegs Gräberfürsorge" est conçu comme un vaste espace emmuré, planté de chênes et marqué de dalles carrées de basalte aux noms des victimes, qui sont insérées dans la pelouse. Une sculpture de bronze de E. Krieger et d'autres croix funéraires confèrent à l'ensemble une atmosphère imprégnée d'une sobriété essentielle dans laquelle s'impose le silence, la peine et le souvenir.
Le cimetière de Vladslo, réaménagé par le même architecte, est relevé du groupe de parents affligés de 1932, dû à Käthe Kollwitz-Schmidt, à la mémoire de son fils Peter qui mourut au front à l'âge de 17 ans.
Le grand cimetière français Saint Charles de Potyze à Ypres , réunit ses croix disposées en diagonale et décorées de roses sous la protection du tricolore national.
Diksmuide conserve à Oud-Stuivekens, un site remarquable qui réunit les ruines d'une tour servant de poste d'observation situé en pleine zone inondée par l'Ypres , une chapelle dédiée à la Vierge de la Victoire et des mémoriaux évoquant les bataillons et soldats belges luttant au front de l'Yser.
Outre ces cimetières, la région est parsemée de monuments à la mémoire d'un héro particulier ou d'un bataillon témoignant ainsi de l'intervention alliée dans des batailles ou secteurs définis comme le New Zealand Memorial à Mesen/ Messines, le 5th Australian Division Memorial à Zonnebeke ou le Canada Memorial à Passendale. Certains évoquent leur passé et culture propres, comme entre autres le Mémorial des Bretons, à Ypres/ Boezinge composé d'un calvaire typique, des dolmens et menhirs.
La région conserve de plus des éléments de l'architecture militaire tels que bunkers, miradors etc. qu'il faudra également prendre en considération.
D'autres éléments comme l'église anglicane Saint George Memorial Church et la petite école attenante hébergeant la War Graves Commission à Ypres se sont taillés une place dans la mémoire collective.
Dans l'inventaire du patrimoine architectural de l'arrondissement d'Ypres, publié en trois volumes de 1987 à 1992 par le Ministère de la communauté flamande, ces lieux de mémoire et monuments et leur contexte ont été répertorié de manière sommaire. Par ailleurs, la Province de Flandre Occidentale a publié l'inventaire des monuments aux morts conservés dans toute la région. Le complément prévu entre autres pour l'arrondissement de Dixmude et l'actualisation des données, s'échelonnera à partir de 2002 sur une période de deux ans. Dès 2004 permettront la vue d'ensemble ainsi obtenue permettre de juger s'il vaudra ou non sélectionner des cas représentatifs.
Ressources
Le texte de la Base de données des listes indicatives de l'Unesco : http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/1710/