Messines Ridge et Passchendaele
Si pour l'armée française l'année 1917 est avant tout synonyme de mutineries, il n'en va pas de même pour le front britannique. D'avril à novembre 1917, deux grandes offensives anglaises vont avoir lieu sur le front occidental. De la première, en Artois, découlera la prise de la crête de Vimy par les troupes canadienne. La seconde offensive, dans les Flandres, mènera elle au désastre de Passchendaele.
Messines, l'apogée de la guerre des mines
Directement au sud d'Ypres, entre le saillant tenu par les anglais depuis 1914 et la frontière Française, le village de Messines représente un point d'observation stratégique sur le front. Demonant non seulement la ville d'Ypres, mais également une grande partie de la plaine des Flandres, il s'agit de l'un des points centraux de la défense allemande sur le front occidental, tout comme la côté d'Aubers un peu plus au sud. Défini comme un objectif principal par l'armée anglaise dès 1916, Messines et le villages voisin de Wyschaete seront au coeurs des combats de la troisème bataille d'Ypres et de la bataille de la Lys en 1918.
Char britannique dépassant une tranchée pendant l'attaque de Messines le 7 juin 1917
Collection "Photos of the great War"
Prévue de longue date, mais reportée plusieurs fois en raison des offensives britanniques sur la Somme en 1916 et dans l'Artois debut 1917, l'attaque de la côte de Messines est finalement sonnée le 7 juin 1917. Après de longs mois de préparation, ce ne sont pas moins de 19 mines, représentant plus de 400 tonnes d'explosif, qui détonnent sous les positions allemandes, faisant plus de 10.000 morts et de nombreux blessés. La détonation aurait, selon les témoignages de l'époque, été entendue jusqu'à Dublin. Au milieu du chaos des tranchées allemandes, l'avance britannique sur les villages de Messines et Wyschaete est très rapide, et en une seule journée de combat, les deux villages sont solidement occupés par les troupes de l'Empire Britannique. Au bout de 7 jours, avec l'aide de soldats irlandais, c'est l'intégralité de la côte de Messines, dominant tout le sud de la ville d'Ypres, qui revient aux alliés.
Passchendaele, l'enfer de boue
La troisième bataille d'Ypres, résumé sous le nom de Passchendaele par les anglosaxons, début quelques semaines plus tard, le 31 juillet 1917. Très ambitieuse, l'offensive britannique vise une vistoire stratégique sur le saillant d'Ypres et la capture du port de Zeebruge, alors utilisé comme base de sous-marin par la marine impériale allemande. Les premiers objectifs de l'offensive sont les crêtes dominant la fameuse route de Menin et la ville d'Ypres, dont Saint-Julien, Langemark ou les hauteurs du village de Passchendaele à quelques kilomètres de là.
Les troupes britanniques avancent de presque deux kilomètre au premir jour de l'assaut, prenant position sur la crête de Pilckem. Mais les pertes de cette journée sont déjà énormes : près de 32 000 tués, blessés ou disparus. Les combats suivants ont pour objectif les villages de Langemark ou le bois de Polygon Wood. La résistance des troupes allemandes est particulièrement farouche et chaque mètre d'avancée des troupes anglaises se fait au prix de très lourdes pertes. Dès le mois d'août s'ajoute à cette resistance acharnée des conditions climatiques très dures : la pluie fait son apparition très tôt dans la saison et innonde des sols déjà gorgés d'eau. Les incessants barrages d'artillerie contribuent à transformer le champ de bataille en un véritable océan de boue, dans lequel les Tommies, chargés de parfois 45kg d'équipement, s'enfoncent et peinent à avancer. Sur ce terrain difficile, les soldats britanniques offrent des cibles de choix aux mitrailleuses allemandes, et le moindre blessé qui tombe au sol finit souvent noyé dans l'eau et la boue.
Tranchée britannique innondée pendant la troisième bataille d'Ypres, en octobre 1917
Collection Australian War Memorial
Au début du mois d'octobre, des troupes britanniques épuisées arrivent au pied de la crète de Passchendaele, près de trois mois après la date prévue par les plans originaux de l'offensive. La domination géographique des positions allemandes, retranchées dans le village, fait de Passchendaele un objectif majeur que le général Haig veut absolument conquérir. Les combats se poursuivent à Poelcappelle début octobre, et se terminent par un échec singlant des troupes alliées. Le 12 octobre, un premier assaut sur Passchendaele est tenté par les soldats britannique. Après près de 13 000 morts, l'attaque éhcoue et le moral des soldats anglais commence à en souffir. A ce point, l'attaque d'Haig sur le saillant d'Ypres a coûté plus de 100 000 hommes à l'armée anglaise, pour un gain territorial mineur.
Des pertes stratégique pour l'armée anglaise
Le 26 octobre 1917, un assaut furieux du corps canadien parvient finalement à arracher le village et la crête de Passchendaele aux troupes allemandes au prix de pertes immenses. La position est tenue fermement au 10 novembre, date à laquelle l'Etat-Major met fin à l'une des offensives les plus dramatiques et couteuses de la guerre. Au final, la bataille de Passchendaele a coûté la vie à plus de 300 000 soldats anglais, tués ou avalés par la boue des Flandres. Côté allemand, ce sont pas moins de 260 000 qui sont portés manquants au mois de novembre 1918. Des pertes qualifiés "d'importantes" par l'état major du Kaiser.
Les chars britanniques au combat à Cambrai
Collection "Photos of the great War"
Quelques jours plus tard, se sera l'assaut sur Cambrai du Tank Corps démontrera l'efficacité de la nouvelle arme blindée sur un terrain propice. Les pertes enregistrées pendant la troisième bataille d'Ypres rendront malheureusement impossible l'exploitation de la brèche opérée par les chars en face de la ville. L'armée anglaise subit là encore une furieuse contre-attaque allemande, mais garde pied sur le saillant de Flessières.
Ressources
Peter Oldham - Messines Ridge (Pen & Sword Books - Battleground Europe Serie - 2005)
Lyn Macdonald - They Called It Passchendaele (Penguin Books - 1993)
Ernst Jünger - Orages d'acier (Le Livre de Poche - 1920)