La prise d'Armentières

Le 10 avril, les troupes allemandes complètent leur offensive dans les Flandres et se l'ance à l'assaut de la rive nord de la Lys, entre Ypres et Armentières. C'est cette dernière qui sera la cible principale d'attaques, particulièrement acharnées, au gaz de combat.

La reprise de la crête de Messines

Le front de l'attaque allemande se voit doublé en moins de 24 heures. Le 10 avril 1918, les troupes d'assaut allemandes complètent le plan de Ludendorff avec une offsensive concentrée sur le sud du saillant d'Ypres. A 5h30 du matin, un bombardement équivalent à celui qui avait tétanisé les troupes portugaises à Richebourg débute sur près de 20 kilomètres de front entre Ypres et Armentières. La ville d'Armentières elle-même est la cible de nombreux obus à gaz.

Alors qu'ils avait été conquis au pris d'efforts importants en juin 1917, la crête de Messines et le village de Ploegsteert tombent en quelques heures aux mains des allemands. Le village de Wyshaete, un peu plus loin, est l'objet de furieux combats entre troupes d'assaut du Reich et la brigade sud-africaine. A la nuit tombé, le village est toujours possession des troupes alliées qui préparent à un nouvel assaut dès le lendemain matin.

Un peu plus au nord, les allemands attaquent également l'ensemble des terrains conquis de haute lutte en novembre 1917 lors de l'offensive de Passchendaele. La poussée vers Ypres s'effectue par Hollebeke, mais le front britannique tient bon et les positions restent inchangées, correspondant en général au tracé du canal d'Ypres à la Lys.

Tranchées britanniques devant Armentières, apèrs sa capture par les troupes allemandes.
Tranchées britanniques devant Armentières, après sa capture par les troupes allemandes
Collection Australian War Memorial

Armentières évacué

Consulter le communiqué
officiel du 11 avril 1918

publié par Le Figaro.

Devant la pression allemande sur le front des Flandres, l'état-major décide l'évacuation d'Armentières dans la jounée du 10 avril. La prise de Bois-Grenier au sud et l'avancée des allemands sur Ploogsteert au nord fait en effet courir un risque d'encerclement à la ville. Les tranchées devant Armentières sont évacues intacts vers midi.

Si la ville ne subit pas d'attaque directe dans la journée du 10 avril, elle est tout de même la cible de bombardements nourris, avec notamment de nombreux obus au gaz. L'évacuation des soldats britanniques est d'autant plus compliquée que ceux-ci prennent le temps, avant leur départ, de sauver certains des tableaux de l'Eglise Sant-Vaast alors en flamme. A 21h30, l'enemble des soldats sont évacués avec succès et ont passé la Lys pour rejoindre Nieppe. Dans leur départ, ils ont fait sauter la totalité des ponts qui enjambait la rivière à Armentières, afin de retarder au maximum l'avancée ennemie.

La Grand' Place et l'Eglise d'Armentières pendant les bombardements anglais sur la ville en avril 1918
La place de la République et l'Eglise Notre-Dame d'Armentières pendant les bombardements anglais sur la ville en avril 1918
Collection Australian War Memorial

La ville sera ensuite bombardée à l'aide d'obus à gaz par l'armée britannique, ceux-ci afin d'éviter son occupation :

[...] Our troops, greatly outnumbered, were forced back to the Wytschaete-Messines Ridge, and meanwhile had to give ground along the Lys Canal south of Armentieres. As they retired they blew up the bridges behind them, and destroyed the railway bridge at Armentieres. That gay little town, with its bright little restaurants and teashops, now became a No Man's Land. The enemy smothered it with gas shells until the streets and houses reeked of poisonous vapour. Before midday we were obliged to withdraw from the town, and then we in turn hurled gas shells upon it, and prevented the enemy from occupying it.[1]

La fin du saillant de Passchendaele

L'avance allemande au sud d'Ypres rend encore plus périeuse la position du saillant de Passchendaele, arrché de haute lutte en novembre 1917. Alors que les plans de certains généraux prévoyaient déjà un retrait de ces positions début 1918, la crête de Passchendaele et ses environs étaient restées en possession des troupes britanniques pour leur grande valeur symbolique.

Mais début avril, il devient évident que le saillant d'Ypres doit être raccourci afin de libérer des troupes pour les combats qui font rage plus au sud. Le retrait commence le 12 avril et sera terminé le lendemain, enterrinant ainsi le sacrifice inutile de plus de 270.000 soldats alliés.

Notes

[1] in The Children's Story of the War.

Ressources

Sir Douglas Haig - Sir Douglas Haig's despatches (December 1915-April 1919) (Disponible sur Archive.org - 1919)
The Official History of Australia in the War of 1914–1918 (Disponible sur le site de l'Australian War Memorial - 1920-1941)

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